Nos valeurs, nos choix
Faire paysan ou paysanne*, est un choix qui questionne. Cultiver, élever, c’est interagir avec le vivant, c’est oser prendre une place dans l’écosystème de notre monde.
Faire paysanne, être amoureuse de la nature et sensible à l’environnement qui m’entoure est aussi passionnant que complexe. Cela suppose des connaissances et de l’intérêt pour les autres espèces. Admettre que l’anthropocentrisme limite l’humain dans son évolution. Essayer de faire un pas de côté pour apprendre des autres.
Faire paysanne, c’est assumer l’intervention humaine sur l’environnement et parfois ressentir le poids immense de l’agriculture et de son histoire, de son développement au fil du temps.
L’agriculture ne représente plus que 8 % de l’économie suisse aujourd’hui. L’agriculture n’a cessé, surtout depuis le milieu du 20ième siècle, d’être poussée par l’industrie agro-alimentaire mondialisée vers une exploitation des ressources des sols, pour donner satisfaction aux besoins consumérismes et aux quêtes de profit.
La faim dans le monde, malgré tous les progrès technologiques, n’a jamais été enrayée. L’autonomie des fermes s’est réduite elle aussi, la production agricole nécessite des agents auxiliaires fertilisants, pesticides, fongicides ou autres auxiliaires de combat, de nombreuses surfaces assolées ressemblent à des plaques à gâteau stériles. Le marché des semences est contrôlé. Le lien entre vie et agriculture ne tient plus qu’à un fil.
Comme un aveu d’échec, pour le meilleur et pour le pire, la sécurité alimentaire est redevenue un sujet d’actualité.
L’agriculture conventionnelle n’est pourtant pas une fatalité. L’agriculture biologique, ce n’est pas simplement se passer d’intrants chimiques, c’est une vision du travail de la terre qui interroge chaque lien entre chaque organisme vivant et qui les met en relation. L’agriculture biologique de demain est plurielle. Elle est une réalité pour des millions de paysannes et de paysans par le monde et une promesse pour l’avenir fragile de notre planète.
* Selon la belle expression reprise par Blaise Hofmann, dans son livre, Faire paysan 2022
L’élevage bio, extensif
Les animaux de rente participent au maintien d’un écosystème, ils compagnonnent depuis plusieurs milliers d’années avec l’humain. Ils façonnent les prairies, broutent les terrains en pente, entretiennent le paysage et participent, subsidiairement, à la préservation de la biodiversité.
Pour garantir la santé du troupeau et son équilibre social, sacrifier certains sujets est nécessaire. Chaque bête à sa place dans le troupeau, son caractère et son rôle.
Reconnaitre la co dépendance avec les animaux de rente, accepter cette relation, c’est cela, faire paysanne. L’équilibre entre la culpabilité d’intervenir et la conviction que l’intervention est proportionnée, est délicat à trouver. L’important est de se rendre utiles équitablement et réciproquement entre espèces et de ne rien gaspiller : ni la relation, ni la matière.
Des alternatives existent
Réduire l’empreinte écologique de l’agriculture et garantir au moins 50% d’auto approvisionnement en Suisse n’est pas une contradiction, comme certains le prétendent.
L’environnement et sa biodiversité doit redevenir l’allié de l’agriculture, mais le temps presse.
Passer d’un combat contre la nature à un partenariat avec le vivant permettrait peut-être de préserver l’équilibre précaire de la planète où l’humain a aussi sa place.
Une autre agriculture, plus solidaire, plus autonome et nourricière est possible, capable de réconcilier la diversité de pratiques, la diversité d’opinions et la diversité des besoins.
Cette page a aussi vocation d’ouvrir le débat sur …
L’accès à la terre, les circuits courts, l’économie circulaire, les modes de culture, le travail collectif, le féminisme paysan, l’élevage,
Et le loup dans la bergerie, c’est qui ?
Et la sobriété dans tout ça ? Le colibri est-il un exemple de solidarité ?
À vos plumes !